Le constat à l’égard de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles n’est guère positif. L’organisation de l’école date d’une autre époque et il est urgent de l’adapter aux défis du 21ème siècle. C’est dans cette optique qu’heureusement s’inscrit le Pacte pour un enseignement d’excellence.
L’élaboration de propositions a été permise grâce à l’implication de différents acteurs de l’enseignement : les syndicats, les pouvoirs organisateurs ou encore les parents d’élèves. Bien que j’adhère à certaines solutions, je tiens à souligner que le MR n’a pas attendu le développement d’un tel pacte pour défendre des propositions permettant, entre autres, de lutter contre l’échec, de réduire le décrochage ou de favoriser l’autonomie des directions et des équipes éducatives. Il s’est également avéré que le décret inscriptions était un échec en termes de mixité sociale, la mise en œuvre de ce Pacte ne doit pas l’ignorer.
Le Pacte pour un enseignement d’excellence regroupera de nombreuses mesures. La plus emblématique devrait être l’allongement du tronc commun jusqu’à la 3ème secondaire à la fin duquel une épreuve certificative aurait lieu. Jusque là, le redoublement serait interdit et le CEB n’aurait plus qu’une valeur informative. Or, il est imprudent de négliger les apprentissages de base c’est-à-dire lire, écrire et calculer. A la suite du tronc commun, l’élève aurait le choix entre une filière de transition, menant vers les études supérieures, et une filière qualifiante. La valorisation de cette filière est une bonne chose. Néanmoins, les élèves qui choisiront la filière qualifiante disposeront d’une année de formation en moins, celle-ci se réduisant de 4 à 3 ans. L’apprentissage d’un métier ne peut pourtant se faire en un claquement de doigts ! Outre cette transformation majeure, une étude de faisabilité est également prévue. Elle concernera une éventuelle modification du rythme scolaire. D’une part, la journée d’école pourrait être allongée d’une heure à une heure et demie afin d’y intégrer les devoirs et les activités extrascolaires. D’autre part, le rythme de l’année scolaire pourrait être revu. Il consisterait en une alternance entre sept semaines de cours et deux semaines de congé. Les vacances d’automne et de carnaval seraient dès lors allongées sans que les vacances d’été ne soient réduites.
De plus, dans cette réforme, il était essentiel de ne pas oublier le personnel enseignant. Les difficultés que ces professeurs rencontrent en début et en fin de carrière sont à surmonter. A cette fin, une phase d’accueil serait organisée. Elle consisterait en l’accompagnement du jeune enseignant par un autre plus expérimenté. En outre, à la fin de leur vie professionnelle, les enseignants pourraient bénéficier d’une année sabbatique qu’ils consacreraient, d’une part, à une formation ou à un projet professionnel et, d’autre part, à des remplacements ou à la formation de ces nouveaux professeurs. Je ne peux que me réjouir de cet accompagnement en début et en fin de carrière, l’enseignement doit redevenir attrayant pour les jeunes diplômés et être réenchanté pour les professeurs démotivés.
Ce 8 mars, un mois après l’opposition des syndicats, le Groupe central semble finalement s’être accordé sur le Pacte d’excellence. Les craintes des syndicats étaient pourtant fondées, elles sont également portées par mon parti depuis de nombreux mois. En effet, le tronc commun imaginé est difficilement réalisable. Comment peut-on intégrer de nouveaux cours sans négliger les savoirs de base et sans allonger substantiellement la journée de cours ? Comment peut-on enseigner des formations plus techniques au sein d’écoles ne disposant pas du matériel adéquat ? De plus, je m’inquiète du sort des professeurs de l’enseignement technique et professionnel. L’allongement du tronc commun leur fera perdre indéniablement plusieurs heures de cours. Doit-on dès lors craindre des pertes d’emploi ? De nombreuses questions se posent et les réponses apportées semblent bancales. Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles se serait engagé à ce qu’aucun professeur ne perde son emploi. Je pourrais alors être rassurée. Cependant, la mise en œuvre effective de ce pacte n’est pas attendue avant 2019 et sa fin n’est prévue qu’en 2030. Comment la ministre peut-elle s’engager à si long terme sans avoir les garanties nécessaires ? En plus, en refilant le dossier à la prochaine législature, l’inutilité de l’actuelle à ce sujet est démontrée et le manque de prise de responsabilité du Gouvernement PS-cdH mise au grand jour. Par la voix de ma cheffe de groupe, Françoise Bertieaux, le MR a en tout cas rappelé qu’il n’était aucunement lié à ce pacte.
Enfin, l’absence de tout budget détaillé mène à une sous-estimation du financement de la réforme. Pour l’année 2017, seuls 21 millions d’euros ont été prévus pour concrétiser le Pacte d’excellence. C’est dérisoire lorsque l’on sait qu’est consacrée, dans le budget 2017 de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une augmentation des dépenses de près de 300 millions d’euros. Ce l’est d’autant plus en comparaison avec l’estimation du coût à plus d’un milliard d’euros par le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec). Le sous-financement est dès lors réellement criant.
Il est nécessaire de réformer l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le groupe central a effectué un travail de qualité. Je n’ai aucun doute que plusieurs solutions prônées permettront à notre école de tendre vers l’excellence. Néanmoins, par sa fuite en avant, le Gouvernement PS-cdH ne l’atteindra certainement pas, je ne peux que le déplorer.